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31 octobre 2008 5 31 /10 /octobre /2008 17:59


       Les chutes Montmorency à côté de la ville de Québec..
      A PROPOS DE CULTURE.
                       
                                Re définir une culture adaptée au monde contemporain est une gageure que nul être humain, actuellement, ne peut relever, tant est grand l'abîme qui sépare les connaissances d'aujourd'hui, spécialisées à outrance ,de celles qui sont dites "connaissances de base".
  Il faudra sans doute les efforts de plusieurs générations pour combler ce fossé, et encore, à condition que les spécialistes de toute nature, fassent un effort de vulgarisation des idées qu'ils considèrent comme essentielles dans leur domaine, ce qui est loin d'être le cas actuellement.


  Ce papier n'a pas d'autre ambition que de tenter une approche naïve du problème...une forme d'aventure...

     Le mot "culture" est associé , dans les dictionnaires , aux deux mots : instruction et éducation.

   Mais dans les usages de la langue courante, il est associé quasi exclusivement aux arts, c'est à dire à l'expression d'émotions individuelles ou sociales, liées plus ou moins au passé, aux traditions, aux oeuvres de ce passé et parfois aussi à un futurisme affectif.

        Ceci explique les spécialisations du mot selon les domaines concernés..
      Ici nous préférons lui donner le sens de "connaissances de base actualisées", jouant le rôle de passe-murailles ou plutôt de tombe-murailles., en ignorant les cloisons archaïques qui étouffent les systèmes scolaires.

    Ce point de vue a pour objectif de permettre aux jeunes d'échapper à l'esclavagisme des disciplines traditionnelles , de faire leurs choix d'activités professionnelles en connaissance de cause, et aux moins jeunes de se sentir à l'aise dans un environnement qui les écrase le plus souvent..et aussi de s'adapter plus facilement aux mouvances des professions.
  Naturellement, toute activité humaine nécessite une organisation.

   Il faudra donc de nouvelles cloisons, relatives et non absolues. Mais pour reconstruire ces cloisons, il faut d'abord survoler l'immensité d'un champ de connaissances qui ont poussé comme des champignons se jouant des clôtures..Faute d'un tel survol, nous restons à mi-chemin entre des réalités et des utopies sans même parfois pouvoir distinguer les unes des autres.
 C'est pourquoi , dans un premier temps ,j'essaierai seulement de souligner des évidences que nos habitudes disssimulent.( l'ordre est non-significatif puisque chacune d'entre elles interfère avec les autres)

  a) Echapper aux classifications manichéennes, du oui ou non, du bien ou mal , du avant ou après,etc.  
Sans doute la  nécessité d'un peut-être, d'un a-peu-près, d'un pendant, d'un environ , d'un je-ne-sais-pas ,etc, est-elle apparue depuis les temps les plus reculés où nos ancêtres ,en présence de cendres à peine chaudes ne pouvaient conclure à "éteint" ou "allumé".
   Il n'en reste pas moins que toutes nos organisations reposent soit sur l'idée de partitions en classes disjointes, soit sur un ordre total impliquant un "au-dessus" ou "au-dessous".Naturellement, conscients de ces cas extrêmes, on a imaginé des ordres partiels ou tout n'est pas comparable, des arbres ou arborescences, des treillis, des partitions croisées, des partitions-quotients cad grosso modo des sur- ou sous-partitions, des produits de partitions,etc,etc .
   Mais les idées de voisinages, de filtres de topologies,etc datant de près d'un siècle, et permettant de parler de "l'a-peu-près ", n'ont toujours pas pénétré la vision commune du"oui "ou du "non".

  b) briser la muraille entre arts ou sciences, l'affectif ou le rationnel. Il n'y a pas d'arts ni de sciences sans intervention d'êtres humains, porteurs d'émotions. et de volonté de les exprimer et de savoir pourquoi et comment. Introduire les arts dans les sciences et les sciences dans les arts, c'est tout un programme d'avenir pour l'espèce humaine face aux robots qui n'ont pas d'émotions.

  c) sortir du dilemme quantitatif ou qualitatif. Si l'on admet volontiers que le quantitatif peut s'extraire du qualitatif à
partir de certaines notions comme la mesure, on admet moins facilement que l'on peut extraire du qualitatif à partir du quantitatif. C'est pourtant l'objet même des statistiques: extraire de l'information à partir d'un tableau de nombres.Seules quelques techniques ont réussi à s'infiltrer dans les cursus scolaires, et encore en sacrifiant souvent le sens de ces techniques. La majeure partie de l'Algèbre concerne des calculs sur des opérateurs regroupés en structures pouvant représenter des actions qui n'ont rien de numérique , alors que ce mot conserve sa signification moyennageuse ou presque: "calculs sur des nombres représentés par des lettres"!!!

  d) abolir cette barrière entre manuel et intellectuel. Les axones des neurones s'étalent parfois fort loin du cerveau. Dans le fonctionnement de ces neurones , on découvre peu à peu des relations insoupçonnées avec d'autres parties du corps.
  L'être humain est un tout que l'éducation a tort de vouloir disséquer.
 L'éducation du corps, des sens ne devrait pas être séparée de celle du cerveau. Tout est une question de motivation provisoire : le manuel pouvant un jour, se transformer en intellectuel et vice-versa!

  e) élargir les échelles de temps et d'espaces , le court terme et le long terme, le local et le global. Echapper aux visions millénaires des nombres sur une ligne droite de préférence, avec cet opérateur ridicule , +1, +1, +1 ;;;;;;; qui en fait, préfigure une notion fondamentale pour les machines:celle d'itération que l'on peut appliquer à beaucoup de types d'actions. Alors que l'on sait ,depuis près d'un siècle que la notion de simultanéité, donc celle de coïncidence de deux points , n'existe pas, on continue de promener dans un univers en expansion des unités considérées comme invariantes ,quand tout est relatif.
  Les notions même de mesure, de ligne droite, de plans, ...etc pourtant bien commodes à l'échelle locale, se révèlent inadaptées à d'autres échelles.
 Dans un univers où rien n'est vide, où rien n'est plein et où tout se traverse, que représentent les visions d'Euclide, si géniales qu'elles se perpétuent de nos jours!, comme si on ne savait rien de plus qu'à l'époque d'Euclide.

  f) réconcilier le statique et le dynamique, la pensée ensembliste et la pensée opératoire , le contemplatif et l'actif, le rêveur et le spéculatif.
 La même personne peut et doit , parfois, adopter ces divers comportements , pour s'adapter aux contraintes de l'environnement. Et pourtant la recherche opérationnelle n'a toujours pas pénétré dans la citadelle des programmes.

  g) conjuguer l'individuel et le collectif, le social et le personnel, le point de vue" interne" et les points de vue  "externe" (cf la signalisation).
On ne peut pas rêver à deux mais l'action et le contrôle nécessitent souvent une équipe.
L'histoire des autres éclaire sa propre histoire, etc

  h) jongler entre le discret et le continu. Les technologies en introduisant le digital, appelé aussi le numérique,réhabilitent le discret alors que le continu, l'analogique était l'objet de toutes les attentions. Mais la frontière entre les deux est si ténue.


  i) l'infini et le périodique. Pourquoi le second est-il autant négligé à l'école alors qu'il sous-tend un grand nombre de phénomènes courants?

  j) le réversible et l'irréversible. Ici la frontière entre les deux est d'une importance sociale capitale. Il est des actions qui ne permettent pas le retour en arrière. Tuer, détruire sont des actes définitifs , qu'un robot peut accomplir sans un soupçon d'intelligence. En général, les mathématiciens n'aiment pas ces opérateurs dépourvus d'inverses et se débrouillent pour élargir la structure afin de leur adjoindre justement un inverse.permettant ainsi de simplifier les traitements. Mais "les mythologies" en font autant..... ce qui a pour effet de banaliser ces actes barbares.

  l) le séquentiel et le relationnel. La mémoire des machines fonctionne fondamentalement de manière séquentielle. Même si on interconnecte des piles au gré des programmes ou au hasard, chacune d'entre elles est une pile, alignée ou en pistes concentriques.
  La mémoire de l'être humain est essentiellement relationnelle. Chaque neurone est connecté à près de dix mille autres neurones. Exiger une mémorisation séquentielle sans aucun contexte relationnel faisant intervenir plusieurs sens est une grave erreur pédagogique et physiologique. En privilégiant l'étude des relations, les mathématiciens n'ont fait que suivre , en les désincarnant, une tendance sous- jacente à tous les domaines d'activité.

  m) le slogan "apprendre à apprendre " est une expression du même style que l'expression "faire faire " signifiant "obliger à faire ". Il vaudrait mieux lui substituer l'expression "comprendre pour apprendre ". Encore faut-il s'entendre
sur le sens de ce verbe "comprendre". Certains l'utilisent avec le sens: " j'ai bien mémorisé l'algorithme et je l'exécute sans erreur d'attention" ce qui est typiquement du ressort d'une machine.
  On peut lui attribuer ,entre autres, deux sens voisins: dans l'étude d'un phénomène dynamique ,rechercher les facteurs de causalité,; dans l'étude d'une situation statique, rechercher les liens relationnels qui font que si l'on agit sur certains éléments de cette situation on transforme d'autres éléments, cad qu'on adopte systématiquement le point de vue déterministe. Les analogies, les corrélations statistiques ne sont que des indices de probabilité et non des certitudes de preuve..
  Dans cette optique , l'art du "dépannage" devrait prendre une place beaucoup plus important. La technique du "pressebouton"est sans doute efficace à court-terme, mais c'est seulement quand l'appareil tombe en panne que son utilisateur commence à se poser des questions de fond. Dans les cas complexes , les check-list ne sont qu'un palliatif indispensable aux urgences. et préparent l'apparition des robots-contrôleurs ou dépanneurs ( ceci existe déjà dans les systèmes informatiques)

   n) comprendre pour prévoir. Le travail de prévision devient une activité essentielle actuellement : prévision des catastrophes en tous genres , évolution des bilans , des situations sociales, sanitaires, politiques, etc. Ceci implique un comportement et des connaissances minimales adaptées. Une modélisation aussi bien technologique que numérique apparait là encore au coeur des problèmes d'éducation et de culture.
  o) les moyens de communication: communiquer avec les autres mais aussi communiquer avec soi.
- communiquer avec soi, c'est élaborer dans sa tête ou physiquement tous les moyens d'expression permettant de traduire ses émotions, de comprendre, d'analyser, de projeter, de prévoir, etc ... y compris les moyens graphiques, représentations , codages en tous genres ... mais qui sont à usage exclusivement personnel. Ceci à tel point que le même individu peut, très bien, quelque temps plus tard, se demander ce qu'il a bien pu vouloir dire avec ces signes. faute de conventions explicites. C'est le domaine du demi-rêve, où la spéculation voisine avec le hasard des expériences.
- communiquer avec les autres et l'on retombe sur les classifications et conventions plus ou moins arbitraires mais nécessaires.

 On pourrait distinguer:
1) des moyens de suggestion d'émotions: arts de toutes natures,poésie, littérature, théâtre, cinéma, arts graphiques, volumiques, peinture, photo, sculture,...arts sonores, musique, arts corporels, danse etc etc.
2) des moyens de description où la clarté, la concision , l'emportent sur le pouvoir de suggestion.
3) des moyens de probation , de conviction destinés à emporter l'adhésion des autres , à prouver : c'est le domaine des plaidoyers, des démonstrations, des enquêtes etc.
4) des moyens à vocation universelle que sont les langues naturelles, mortes ou vivantes
.
 On peut pratiquement parler de tout avec sa langue maternelle mais au prix d'une perte de moyens d'analyse dans des situations particulières. Ces langues naturelles essaient bien de pallier ces carences en inventant des termes nouveaux , on parle alors de jargon propre à telle ou telle spécialité. Mais le véritable problème est l'inadaptation de la syntaxe à l'analyse, à la description de ces situations..
  C'est grâce à l'élaborations de ces langages syntaxiquement adaptés que progressent les sciences et techniques, et particulièrement les mathématiques. Si ces dernières sont devenues un des rares langages véritablement internationaux, envahissant les civilisations les plus fermées , c'est sans doute à cause de l'adaptabilité syntaxique des algèbres , des modèles proposés et en particulier à cause du domaine numérique: mais on remarquera là encore des carences majeures: compter c'est aussi dénombrer et les activités combinatoires portant sur des objets de toute nature sont trop rarement présentes dans les programmes.

  On pourrait allonger cette liste d'évidences générales à plaisir..
 mais dans le court terme il faut revenir à l'essentiel avec les trois mots-clés traditionnels : lire, écrire, calculer . concernant l'humanité entière.
  Ces trois mots montrent combien nous sommes prisonniers de nos traditions . On oublie qu' un enfant , en quelques mois , se familiarise avec sa langue maternelle sans avoir suivi aucun cours. S'agit-il encore de culture ou de pratique ? La pratique d'outils comme Internet n'est elle pas de nature à bouleverser nos habitudes et façons de penser ?
  On pourrait , à l'instar des encyclopédies , reposer les problèmes en termes de nouvelles classifications comme par exemple:
Sciences de la Vie et de la Mort , incluant Génétique, Pathologie, Thérapie, ...etc
Sciences de la Terre et de l'Univers , incluant Astronomie, Cosmologie...etc
Sciences de l'Homme et des Etres vivants ( mais qu'est une vie se déroulant sur quelques milliards d'années?)
Sciences sociales et individuelles,
Sciences économiques, financières,
Sciences des Riches, Sciences des Pauvres, ( à ne pas confondre avec science pour les riches!!)
   *Sciences des riches : celles qui nécessitent un équipement couteux
    *Sciences des pauvres : celles que tout individu peut pratiquer sans rien d'autre que ses neurones ou presque
Sciences de la pensée, Philosophie, Logique, etc
Sciences Linguistiques,
Sciences du Passé, Histoire, Archéologie, Paléontologie,etc

  Marcel Dumont
  25-03-2002

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  • : De l'audace culturelle et sociale ..les prisons mentales sont les plus pernicieuses,car on ne perçoit pas leurs murailles. Qui n'avance pas ,recule.. "Agir est toujours difficile,mais l'inaction est sans espoir".A.Savary; un climat de confiance est la première pierre du "Travailler ensemble" "Regarde toujours dans la direction du Soleil,tu ne verras pas d'ombres derrière toi" La Barrière Bleue..à voir..Auto-création..à revoir..Maths pour la tête et les mains..à faire
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