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14 janvier 2009 3 14 /01 /janvier /2009 19:35

Les enseignants se mobilisent

 le Monde du 08-02 1996             contre la violence à l'école


A Saint-Etienne-du-Rouvray, les innovations pédagogiques n'ont cessé depuis 1982
Article paru dans l'édition du 08.02.96

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       il y a une obstination douce chez cette femme-là.

    Après le grand vent de 1968, Françoise Pasquis-Dumont forme des enseignants à
l'Institut de recherche sur l'enseignement des mathématiques (IREM) de Rouen,
tout en faisant un bout de chemin avec des chercheurs brillants et imaginatifs,
dont le mathématicien hongrois Dienes.

 (NDLR: et Marcel Dumont ,son mari)

 Au début des années 80, quelque chose change dans le discours des enseignants qu'elle
 forme...
 « C'est très intéressant, votre approche novatrice des maths,
mais comment l'appliquer quand on me lance une éponge dans le dos ? », lui demande-t-on.
 « Ils se sont mis à me raconter des situations de violence incroyables, c'était un autre
 monde »,se souvient-elle.

 « Alors j'ai choisi de venir ici et d'y rester », dit Françoise Pasquis-Dumont.
 Cela fait maintenant près de treize ans.

(NDLR : elle y restera 16 ans...)


   Dans son bureau du collège Robespierre de Saint-Etienne-du-Rouvray,

une banlieuedéfavorisée de Rouen(Seine-Maritime), Françoise Pasquis-Dumont parle de

la violence des années 80, celle qui s'est développée dans les classes ghetto,

comme les CPPN

(classes préprofessionnelles de niveau).

Ici, il n'y en a plus, pas plus que de SES (section d'éducation spécialisée),

« parce que cela suffit de faire l'amalgame entre l'incompétence linguistique et

l'incompétence scolaire »,dit-elle.

   « RÉSISTANCE SOCIALE »

Dès 1982, année de son arrivée dans le collège, celui-ci fait partie des établissements

tests qui appliquent« la rénovation Legrand » fondée notamment sur la pédagogie

différenciée.

« C'était le levier de tout. Pendant des années nous avons eu un projet d'établissement,

sans savoir quecela s'appelait ainsi », dit-elle.

De son expérience de prof, Françoise Pasquis-Dumont a gardé la conviction que l'on

pouvait toujours« s'appuyer sur l'intelligence des jeunes et la valoriser ».


Enseignante dans un établissement de centre-ville dans les années 70, elle se rappelle

« la grande souffrance d'enfants, d'origine modeste, de ne pas savoir faire une division ».


Depuis longtemps, elle a l'impression de faire « un travail de résistance sociale dans

une guerre d'exclusion ».

Le débat sur le métier d'enseignant « transmetteur de savoir » ou « assistante sociale »

ne l'intéresse guère. Ici on aide les enfants ou les adolescents, par tous les moyens.

« Parfois c'est ce qui se passe avant 8 h 25 qui explose en eux, ou dans la classe. »


« Comme en pédagogie, c'est le raccourci qui m'a toujours préoccupée :

comment atteindre efficacement les jeunes qui en ont besoin ? », n'a cessé de se

demander Françoise Pasquis-Dumont.







   Cela se fait par la découverte, par exemple,

du forum-théâtre, où des jeux de rôles qui

permettent à chacun de trouver sa place,

voire de désamorcer des conflits.

Les élèves ont également engagé avec un sociologue

lyonnais, Jean-Pierre Bonafé-Schmitt,

un travail et une formation sur la médiation scolaire,

c'est-à-dire sur le moyen de gérer des situations

de violence entre élèves.





  

Les actions de prévention avec « quelqu'un de très intelligent des

renseignements généraux »,

  la large ouverture du collège aux parents,

       le travail avec les associations du quartier,

                la réfection complète de l'établissement

                            et surtout une coopération sans faille entre tous les adultes de

l'établissement,créent ici une ambiance particulière.


    « Ici ça va, mais si tu te promènes le soir dans la cité du Château blanc, tu reviens

tout nu », prévient Amafaline, une élève de quatrième. « PERSONNE N'EST À L'ABRI »


Malgré ce travail de fond, inscrit dans le temps, personne n'a réussi à endiguer une vague

de violence venue submerger l'établissement en 1992.*

Rodéos de voitures, véhicules incendiés, trafic etconsommation de drogue sous les yeux

des élèves, dans le « Parc central » devant l'établissement,tout y est passé.

  « L'horreur », résume Sylvie Hagiwara, secrétaire du principal, qui anime,

avec un professionnel, un atelier de danse tous les vendredis pour des élèves de quatrième.

« Dès qu'il y a une brèche, il faut colmater tout de suite, ne pas attendre. Sinon la pente

est trop difficileà remonter », assure Sylvie. Pour cette mince jeune femme blonde, quand

on travaille dans un quartier difficile « on ne peut pas en rester aux méthodes traditionnelles ».

« On est toujours sur le fil, demain tout peut craquer, restons modestes », dit-elle.



Cette modestie est partagée par les enseignants.

« Personne n'est à l'abri de la violence, et pourtant il me semble que si cela se reproduisait

aujourd'hui nous serions mieux armés », estime Nicole, enseignante de lettres depuis cinq

ans dans le collège.

 La durée, voilà l'un des éléments-clés, selon elle : « C'est la première année qui est dure,

les élèvesdemandent si on reste l'année suivante, ils testent. »

    Quand elle a pris son poste, elle a fait cours pendant tout un trimestre avec la porte

ouverte, en envoyant de temps à autres deux ou trois élèves incontrôlables

à une collègue dans une salle voisine.

« Au moins ici on peut se parler, personne n'a honte d'avoir des difficultés au départ »,

juge-t-elle.

   Pour Sabine, 30 ans, ce n'est jamais agréable de « se faire traiter de salope ou de

conne.

Mais il faut rester ici, l'école est la seule planche de salut pour ces enfants ».


Mercredi 7 février, cela fera cinq jours que le collège Robespierre est en grève.


   Parce que, sans doute en raison du calme qui règne dans l'établissement,

soixante-douze heures  d'enseignement doivent être supprimées à la rentrée prochaine,

                                       « mettant en péril le projet d'établissement ».


BEATRICE GURREY


  Commentaires:


     la grève a duré pendant 5 jours; le mercredi soir, le recteur dira à la télévision que le Ministre François

Bayrou,a accordé les 72 heures au collège Robespierre...

ce n'est que le jeudi matin , parce qu'elle appelle le rectorat que la principale comprend qu'il s'agit

de ....72 heures supplémentaires...!!!!

la majorité des enseignants a déjà des heures supplémentaires et leur nombre ne permet pas la répartition

sur chacun de ces heures..

La Principale est invitée à se rendre au rectorat en fin de matinée...elle emporte son travail de répartition...

et surtout tout les calculs démontrant le nécessaire maintien des 4 postes...soit 72 heures..


  Entretien difficile devant les hautes autorités...mais le gain est au bout de la négociation!


Le journal Libération, ce même jour,au même moment a envoyé un journaliste....à suivre!

le Journal Le Monde publiera aussi un article sur  "La Barrière Bleue" un film qui sera montré dans de nombreux

stages de formation iUFM...mais il a été interdit par décision rectorale au motif qu'il avait été tourné au

Collège Robespierre en grande partie...cette interdiction fût levée après...nous y reviendrons..les petites

histoires forment la grande histoire!!

* l'année 1992 ,année de toutes les violences..au collège et surtout aux abords du collège..,verra la principale

obligée d'empêcher la police de continuer sa progression dans le collège,police armée...

elle sera présentée devant la brigade Anticriminelle (BAC) et ,grâce au partenariat avec la police locale,elle ne

sera pas présentée,au final, devant le Procureur de la République!

Ce sera un cas d'école pour la formation des personnels de l'EN ;mais la franchise d'une école est devenue

inexistante ce jour-là..l




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  • : De l'audace culturelle et sociale ..les prisons mentales sont les plus pernicieuses,car on ne perçoit pas leurs murailles. Qui n'avance pas ,recule.. "Agir est toujours difficile,mais l'inaction est sans espoir".A.Savary; un climat de confiance est la première pierre du "Travailler ensemble" "Regarde toujours dans la direction du Soleil,tu ne verras pas d'ombres derrière toi" La Barrière Bleue..à voir..Auto-création..à revoir..Maths pour la tête et les mains..à faire
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